Analphabétisme au Québec : les fausses croyances
Pour comprendre la réalité des personnes analphabètes, nous devons mettre de côté nos préjugés et stéréotypes.
Plus facile à dire qu’à faire dans notre société où les mots « analphabète » et « illettré » sont perçus comme péjoratifs et négatifs.
Ils laissent sous-entendre que les personnes auxquelles on accole ces qualificatifs sont moins « bonnes » que celles qui savent lire et écrire. Le manque d’information à ce sujet contribue largement à renforcer cette perception.
Notre mandat de sensibilisation et d’information vise principalement à démystifier ce problème, à éveiller les consciences et à changer les mentalités quant à l’analphabétisme au Québec.
- Au Québec, il y a peu de personnes analphabètes.
FAUX
19 % des Québécois sont analphabètes (niveaux -1 et 1 de littératie) et 34,3 % éprouvent de grandes difficultés de lecture et se situent au niveau 2 de littératie. Ces derniers seront souvent qualifiés d’analphabètes fonctionnels. Il ne s’agit pas là de fiction, mais bien de chiffres réels. L’analphabétisme touche l’ensemble des pays, peu importe s’ils sont industrialisés ou non. Le Québec n’échappe pas à cette réalité1.
10 % ont de 16 à 25 ans
39 % ont de 26 à 46 ans (en âge d’être parents)
51 % ont de 46 à 65 ans
- On ne retrouve les personnes analphabètes que dans les pays en voie de développement.
FAUX
Seulement 31 % des personnes de niveau 1 sont des personnes immigrantes (16 à 65 ans).
Les personnes immigrantes sont souvent plus scolarisées que la moyenne des Québécois. En effet, la scolarisation constitue un critère important pour obtenir le droit d’immigrer dans la province. Ces personnes ont donc de très bonnes compétences en lecture et en écriture dans leur langue maternelle. Elles éprouvent cependant des difficultés en français et ont alors davantage besoin de francisation que d’alphabétisation2.
- Les personnes analphabètes ne sont pas intelligentes.
FAUX
Bien que les personnes analphabètes n’aient pas acquis les compétences requises en lecture pour répondre aux besoins du Québec actuel, elles ont généralement développé nombre d’autres aptitudes. Elles se trouvent toutefois confrontées à de nombreux obstacles liés à leur incapacité à avoir accès à l’information écrite. Évoluant souvent dans un contexte de survie et honteux de leurs difficultés, les adultes analphabètes et faibles lecteurs font généralement appel à des stratégies qui permettent de cacher leur problème à leur entourage immédiat pendant une bonne partie de leur vie.
- Une personne dyslexique est analphabète.
FAUX
Les personnes souffrant de dyslexie ne sont pas nécessairement analphabètes. Elles sont capables de lire et d’écrire, même si elles connaissent des difficultés. La dyslexie, comme la dysorthographie et les autres troubles d’apprentissage peuvent conduire à l’analphabétisme si les personnes ne sont pas adéquatement appuyées pour développer des mécanismes qui leur permettent de lire.
- Des parents analphabètes vont forcément avoir des enfants analphabètes.
FAUX
Un enfant dont les parents sont sous-scolarisés ou analphabètes est plus susceptible de l’être à son tour. Cependant, si ces parents sont sensibilisés à l’importance de la lecture en bas âge et qu’ils obtiennent le soutien nécessaire pour participer à la stimulation de leur enfant à la maison, ce dernier arrivera à l’école mieux outillé et aura de meilleures chances de réussir. Il est cependant évident que l’entourage de l’enfant (amis, gardiennes, famille élargie) ainsi que le personnel de l’école auront également une grande influence sur sa réussite scolaire3.
Sources :
1Programme pour l’évaluation internationale des compétences des adultes (PEICA), une initiative de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), Octobre 2013
2Statistique Canada, Enquête internationale sur l’alphabétisation et les compétences des adultes (Canada) : Fichier de microdonnées à grande diffusion. Compilation : Institut de la statistique du Québec,
3Développer nos compétences en littératie : un défi porteur d’avenir, Rapport québécois de l’Enquête internationale sur l’alphabétisation et les compétences des adultes (EIACA), 2003, Québec, Institut de la statistique du Québec, 256 pages,